Un Horn carte postale ! Sous un ciel bleu ourlé de nuages blancs, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) a doublé le cap Horn en tête du 8e Vendée Globe à 13 h 34 mn, ce vendredi 23 décembre 2016. Il aura mis 47 jours et 32 mn depuis les Sables d’Olonne. Il pulvérise ainsi le temps de référence de François Gabart établi le 1er janvier 2013… de 5 jours 5 heures et 38 mn ! Aujourd’hui, Banque Populaire VIII affiche plus d’un demi tour du monde d’avance sur le 19e de la flotte Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) à 1000 milles du cap Leeuwin… La flotte très étalée poursuit son chemin vers l’Est tandis que le chef de file vient de mettre le clignotant à gauche pour rentrer à la maison.
Après 17 480 milles parcourus à la vitesse moyenne de 15,5 nœuds depuis les Sables d’Olonne, le skipper de Banque Populaire VIII a doublé le cap Horn pour la troisième fois de sa carrière de marin, mais pour la toute première fois en tête (3e en 2008 et 2e 2012) avec une avance de 762 milles sur son poursuivant Alex Thomson (Hugo Boss). « Le cap, on le voit bien, je m’en éloigne, c’est assez vert par ici. Il y a de la lumière, il y a beaucoup de terre, des îles, des montagnes. On dit que c’est presque fini quand on a passé le Horn, mais la remontée de l’Atlantique est en fait un long chemin ! C’est quand même la fin des mers du Sud, c’est une bonne chose de faite… Le froid et l’humidité devraient être moins présents, c’est une libération » racontait Armel aux alentours de 14h après avoir doublé le cap mythique.
Un soulagement pour Armel mais une concentration extrême pour conserver son joli matelas d’avance sur le Britannique. La météo devrait lui réserver quelques coups fourrés jusqu’aux îles Falklands, tandis que même avec du retard, Alex Thomson rencontrera un vent plus régulier sitôt le Horn doublé dimanche soir… Il pourrait y avoir du rapprochement dans l’air autour de l’île des Etats.
Trois belles dépressions à venir dans l’Indien et le Pacifique
La première dépression s’installe dès aujourd’hui dans l’Est de la Nouvelle Zélande. Si tout se déroule comme prévu, Louis Burton (Bureau Vallée) en 7e position devrait passer avant le plus fort et… Nandor Fa (Spirit of Hungary) après ! Croisons les doigts.
En revanche, une deuxième dépression glissera le 27 décembre sur le groupe des 6 bateaux (de la Mie Câline à Newrest-Matmut) qui devrait les toucher directement. Bienvenue dans le Pacifique ! Même Conrad Colman (Foresight Natural Energy) se méfie déjà, alors qu’il navigue à près de 700 milles du groupe. « Actuellement, je me sens comme un petit lapin chassé, car il y a une tempête derrière nous. Je vais être pied au plancher pour essayer de ne pas être pris dedans. » Le crazy Kiwi n’est pas superstitieux…
En queue de flotte, Sébastien Destremau et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) profitent encore de belles conditions (20-25 nœuds de vent) mais n’auront pas beaucoup de temps pour souffler. Déjà, Great Circle annonce une dépression venant de l’ouest ! Le grand Sud dans toute sa splendeur…
Abandon officiel de Stéphane Le Diraison (La Compagnie du lit – Ville de Boulogne Billancourt)
Stéphane traverse actuellement une dorsale. Sa voile de fortune ne suffit plus pour faire avancer sa monture et rallier les côtes sans système de propulsion extérieur. Il a notifié son abandon officiel ce vendredi à la Direction de Course afin de pouvoir enclencher son moteur pour le pousser hors de cette zone où il est englué. « J’ai un joker de 24 heures de moteur mais qui ne sera jamais suffisant pour rallier les côtes. Je suis arrêté dans cette dorsale qui me barre la route, je tente de m’en dégager et il va falloir que je me serve intelligemment de ma réserve pour essayer d’avoir les vents les plus favorables pour moi au fil de la route qui est encore longue. Mon espoir quand je me rapprocherai un peu des côtes c’est de pouvoir croiser des pêcheurs ou des cargos et essayer de leur demander du gasoil. » explique le skipper de La Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt.