Accompagnés de leurs partenaires VM Matériaux et PRB les skippers Jean Le Cam et Vincent Riou ont tenu une conférence de presse ce vendredi 16 janvier au PC du Vendée Globe à Paris. Jean Le Cam et Vincent Riou que le destin de ce Vendée Globe a réuni tout en les écartant de la course sont revenus sur leur incroyable histoire commune. Extraits du récit d un chavirage au cap Horn d un sauvetage et d un démâtage. Morceaux choisis d une incroyable aventure humaine et maritime qui réunit soudainau cap Horn deux navigateurs solitaires pourtant engagés dans une intense et âpre compétition planétaire
Accompagnés de leurs partenaires VM Matériaux et PRB les skippers Jean Le Cam et Vincent Riou ont tenu une conférence de presse ce vendredi 16 janvier au PC du Vendée Globe à Paris. Jean Le Cam et Vincent Riou que le destin de ce Vendée Globe a réuni tout en les écartant de la course sont revenus sur leur incroyable histoire commune. Extraits du récit d un chavirage au cap Hornd un sauvetage et d un démâtage. Morceaux choisis d une incroyable aventure humaine et maritime qui réunit soudain au cap Horn deux navigateurs solitaires pourtant engagés dans une intense et âpre compétition planétaire
Le chavirage
Jean Le Cam skipper de VM Matériaux : Il était 1 heure du matinle 6 janvier. Je progressais par 56 degrés sud en approche du cap Horn et je venais d empanner à l endroit le plus sud de la course. Je profitais d une bascule de vent j étais content je n avais plus qu à matosser : la vie était belle. J ai reçu un appel de Vincent et au cours de notre discussion j ai senti un choc : un choc pas banalun choc grave. Le bateau a commencé à avoir des attitudes bizarres. J ai donné ma position à Vincent mais j ai dû parler dans le vide : la communication était coupée. J ai alors appelé Michel Ollivier project manager de l équipe de Jean qui a pu prévenir la Direction de Course puis en 30 secondes le bateau a chaviré. J ai réussi à fermer une porte mais pas la deuxième par laquelle le bateau se remplissait d eau. Je me suis alors organisé pour la suite. J ai récupéré dans ce qui flottait tout ce qui était nécessaire pour ma survie : une caisse de nourriture de l eaudes vêtements secs dans un sac sous vide et une TPS combinaison de survie mon pouf Igor une polaire trempée que j ai essorée. Je suis allé me réfugier dans le compartiment à l avant du mât. La trappe a cédé et j ai progressé vers l étrave Ma première des priorités a été de lutter contre le froid : si tu as froid tu pars en hypothermie et tu crèves
Vincent Riou skipper de PRB : Suite à notre conversation qui a vite tourné court je ne me suis pas posé de questions Cela arrive souvent lors des appels téléphoniques par Iridium. Mais j avais un mauvais pressentiment et quand la Direction de Course m a contacté pour me donner la position de Jean et me demander de me dérouterje m apprêtais à prendre des nouvelles
Denis Horeau Directeur de Course du Vendée Globe : Michel Ollivier m a appelé à 1h16 pour me dire que Jean était en train de chavirer. Nous avons demandé à Vincent Riou et Armel Le Cléac h de se dérouter. Nous nous sommes aussi mis immédiatement en relation avec la Marine et les secours chiliens qui ont formidablement réagi en évaluant les moyens dont ils disposaient sur la zone du chavirage. Le pétrolier qui l a rejoint et qui a permis de guider Vincent et de l aider à repérer le bateau retourné a apporté une aide très précieuse. Tous les marins en mer se sont révélés extrêmement réactifs.
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Le sauvetage
Vincent Riou : Je n ai aperçu le bateau que quand j étais à 0 6 mille environ. Cela faisait une demi-heure que j étais pourtant accroché à mes jumelles Je ne voyais rien dans ces conditions de mer difficiles. La présence du pétrolier m a bien aidé et quand j ai enfin vu VM Matériauxj ai rassemblé des trucs boîtes de conserve etc pour les envoyer sur la coque afin me faire connaître. Nous n avions aucune nouvelle et la première des priorités était de s assurer que Jean était bien à bord. J ai dû m y reprendre à plusieurs fois et au 3ème passage j ai entendu une voix et surtout j ai vu le petit spectacle de pyrotechnie de Jean avec la fusée parachute qu il a envoyée à travers le passe coque ! Il savait à présent que j étais là et il fallait que je reste à tout prix à côté de lui en multipliant les empannages au plus près. Quand Armel est arrivé il a pris le relais autour du bateau de Jean afin que je transmette des informations à la Direction de Course. J ai envoyé des photos pour montrer que la trappe de survie était immergée et que les opérations de secours l intervention de plongeurs notammentseraient difficiles. J ai de nouveau pris le relais quand Armel a rencontré des soucis de moteur et au bout de 3-4 tours j ai vu des caisses sortir du bateau par l arrière et la trappe de survie qui flottait. Et là j ai vu le bonhomme sortir et se hisser sur la coque en bonne position : debout le long du safran. J ai alors préparé mes armes et fait plusieurs approches. Dès que je le lâchais des yeux j étais inquiet. Il fallait que je gère trois paramètres : la trajectoire la vitesse du bateau et le bout à lancer pour que Jean puisse s amarrer. J avais la bonne distance et quand j ai entendu un crac je ne me suis même pas retourné
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Le cap Horn en double
Jean Le Cam : Cela reste une histoire exceptionnelle. J ai même fait un film de notre passage en double du cap Horn à bord de PRB. J étais le réalisateur et je voulais qu on le passe au plus près ! Imaginez un peu : je perds mon lest au cap Horn et qui vient me récupérer ? Vincentcelui qui était mon concurrent direct lors de la dernière édition du Vendée Globe. Ensuite 24 heures après il y a eu le démâtage de PRB. Je me suis senti pire qu horriblement gêné : même si en revenant à l origine des choses et au fait que c est à cause d un container ou d un OFNI que mon bateau a percuté j a senti que ce démâtage était de ma faute : en tout cas généré par les manÅ“uvres effectuées par Vincent pour me secourir.
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Ushuaia
Vincent Riou : PRB est au mouillage à Ushuaia. Nous avons imaginé différentes solutions. Mais vu les conditions il était inimaginable d installer un gréement pour un retour en convoyage. Il est donc en attente d un cargo qui va le ramener en Europe. A priori il doit être embraqué entre le 20 et le 25 janvier. J essaye de ne pas penser à la suite de la course et à la remontée de l Atlantique que j attendais avec impatience. J essaye d oublier cet épisodemême si je n ai aucun regret. Quand on prend le départ du Vendée Globeon s engage totalement. On sait qu il faut être capable de faire preuve d autonomie : pour soi et pour le groupe. Nous partons naviguer dans des mers difficilescela fait totalement partie du jeu d être récupéré par un concurrent comme d aller en sauver un Avec Jeannous allons faire un rapport sur tout ce qui s est passémettre à plat nos réflexions pour que le collectif tire le maximum d informations de ces événements et de cette expérience. Isabelle Autissier doit même écrire l histoire pour nous
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La solidarité prime avant tout
Jean Le Cam : Avant toutje voulais remercier tout le monde pour tous les messages de soutien que nous avons reçu à la maison et auxquels nous n avons pu répondre. Ils m ont beaucoup marqué par leur sincérité et leur profondeur. C est rassurant de voir que dans ces moments difficileson peut croire en l être humain. Nous avons vécu une aventure humaine incroyableoù la solidarité prime avant tout et sur tout. Pour le restej ai bien l intention de participer au prochain Vendée Globe. Déjà avant le départj en parlais. Mais avec tous ces événementsil est d autant plus clair que je ne souhaite pas en rester là
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Réaction de Jean-Charles Chaigne VM Matériaux
Le 6 janviernous avons vécu une journée difficile et nous n avons été soulagés que quand Jean a été récupéré par Vincent. C est une histoire incroyable qui s est écrite et que nous avons vécue en directde celles qui font le mythe du Vendée Globe. Tous nos sincères et chaleureux remerciements vont à Armel Le Cléac h et bien sûr à Vincent Riouqui n a pas hésité à mettre son bateau en danger. Nous sommes aussi très reconnaissants envers la Direction de Coursequi s est montrée très professionnelle dans la gestion des secourscomme dans la communication. Pour le restec est notre 3ème Vendée Globenous mesurons pleinement l image dont bénéficie cette course et nous restons très attachés aux valeursnotamment la solidaritévéhiculées par la voile. Il serait aussi malvenu de ne pas apprécier les retours et les effets positifs de l Odyssée de VM Matériaux qui a débuté en 2006 avec Jean Le Cam. Nous sommes ravis de notre participation.
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Jean Le Cam